En 2023, la génération née entre 1981 et 1996 détient environ 9 % de la richesse mondiale, alors que leurs parents en possédaient près de 21 % au même âge. Pourtant, les projections annoncent un transfert d’actifs inédit, estimé à plus de 60 000 milliards de dollars dans les deux prochaines décennies.
Les disparités régionales, l’inflation persistante et l’accès inégal à l’immobilier complexifient ce tableau. La confiance envers les institutions financières, en déclin parmi les moins de 40 ans, s’ajoute à ces défis structurels qui redéfinissent les perspectives de prospérité des millennials.
Où en sont vraiment les millennials sur le plan financier ?
Difficile d’ignorer la fracture : la génération des millennials accumule bien moins de richesse que leurs aînés au même âge. Les données sont implacables. À l’échelle du globe, leur part d’actifs stagne à 9 %. Leurs parents, eux, dépassaient les 20 %. En France, la tendance ne s’inverse pas franchement, même si certains amortisseurs sociaux jouent encore leur rôle. L’immobilier, dopé par les investissements et une urbanisation féroce, repousse l’accès à la propriété à des âges où les baby-boomers signaient déjà depuis longtemps.
Une étude récente éclaire ces écarts : tout dépend du niveau de diplôme, du lieu de vie, de la stabilité du contrat de travail. Quelques-uns tirent leur épingle du jeu, explorant de nouveaux placements, mais la majorité navigue entre précarité, salaires figés et perte de pouvoir d’achat. Les banques promettent des offres sur mesure, mais la méfiance s’installe. Près d’un tiers des moins de 35 ans n’accordent plus leur confiance aux banques traditionnelles, d’après un rapport de la Banque de France.
Pour mieux comprendre où se concentrent les obstacles, voici les principaux points de blocage :
- Accès à la propriété : compromis par les prix élevés et des taux d’intérêt défavorables.
- Épargne : éclatée, dominée par la prudence et la liquidité.
- Transmission du patrimoine : perspective d’enrichissement, mais réservée à un petit nombre.
La richesse des millennials se construit ainsi sous des contraintes inédites. Cette génération revoit ses ambitions, ose de nouvelles formes d’investissement, remet en question la définition même d’actifs. Le rapport à la propriété, à l’épargne, au risque, tout change, loin des repères de leurs parents.
Entre défis économiques et nouvelles stratégies d’enrichissement
La génération riche d’aujourd’hui n’a plus le même visage qu’autrefois. Knight Frank le souligne : les millennials s’inscrivent dans une époque de mutations, mais portent sur leurs épaules une précarité que leurs parents n’ont pas connue. Le grand transfert de richesses, plusieurs milliards d’euros attendus d’ici quelques années, promet de redessiner la carte de la fortune : héritage pour une minorité, immobilisme pour d’autres.
Les choix d’investissements de cette génération marquent un basculement. L’immobilier, longtemps intouchable, n’est plus le seul graal. Les millennials orientent leurs capitaux vers des secteurs innovants, souvent porteurs de sens. L’investissement vert, les nouvelles technologies prennent de l’ampleur. L’envie de conjuguer rendement et impact sociétal s’affirme. L’immobilier conserve une place, mais s’inscrit désormais dans une logique de diversification, dictée par la volatilité économique et les souvenirs de crise.
Voici les tendances qui dessinent ce nouveau paysage :
- Transfert massif de richesses : une redistribution attendue susceptible de transformer l’équilibre des forces financières à venir.
- Patrimoine hérité : moteur pour certains, tandis que la majorité table sur l’épargne et la mobilité professionnelle.
- Investissements privilégiés : l’accent est mis sur la transition énergétique, l’innovation technologique et d’autres actifs alternatifs.
La décennie qui s’ouvre s’annonce décisive : les millennials devront jongler entre la transition écologique, l’accès compliqué à la propriété et la quête de nouveaux leviers d’enrichissement. Le grand partage des milliards d’euros hérités des générations précédentes pourrait bien rebattre les cartes du pouvoir économique.
Peut-on faire confiance aux institutions financières pour accompagner cette génération ?
La relation entre banques et millennials prend une tournure ambivalente. Les intentions affichées parlent d’accompagnement, mais la réalité diffère. Le fossé s’élargit entre des institutions historiques en mal d’agilité et une jeunesse qui réclame simplicité, transparence, et parfois exprime un détachement croissant. Les banques en ligne, portées par la technologie, séduisent par leur rapidité, mais ne règlent pas toutes les attentes.
La volatilité des taux d’intérêt, la complexité des offres, le foisonnement des stratégies marketing alimentent un climat de méfiance. Les moins de 40 ans, confrontés à la précarité de l’emploi et à la montée des prix, cherchent un interlocuteur capable de saisir leurs contraintes. Le modèle classique du conseiller bancaire, centré sur la vente de produits uniformisés, ne convainc plus.
Voici ce qui ressort des études et des retours d’expérience récents :
- Personnalisation et proximité peinent à se matérialiser, malgré les promesses répétées.
- Les dernières enquêtes menées en France révèlent une migration vers des solutions alternatives : plateformes numériques, applications de gestion de budget.
Autrefois, la banque incarnait le passage obligé de l’ascension sociale. Aujourd’hui, son rôle d’accompagnateur est remis en question. Les messages institutionnels se heurtent à une volonté d’autonomie affirmée. Les millennials comparent, exigent, refusent les recettes du passé.
La grande transmission de patrimoine : quels enjeux pour la société de demain ?
La transmission de patrimoine s’impose comme la prochaine onde de choc économique. D’ici une décennie, des milliers de milliards d’euros vont changer de main. Les millennials, héritiers présumés de cette distribution inégale, se retrouvent au centre d’un débat brûlant : jusqu’où ce transfert massif des richesses modifiera-t-il les relations entre générations ?
La France contemporaine n’a jamais connu une telle concentration d’actifs à transmettre. Les générations précédentes ont bâti un capital inédit, immobilier, placements financiers, entreprises familiales. Mais ce patrimoine, loin d’être équitablement réparti, révèle une géographie des inégalités où la mobilité sociale côtoie le statu quo.
Pour éclairer les lignes de fracture que cette redistribution risque d’accentuer, quelques points méritent l’attention :
- La future loterie inégale de l’héritage accentuera l’écart entre les bénéficiaires et ceux qui resteront à l’écart de cette manne.
- Le transfert massif de richesses pose d’emblée des questions politiques : comment repenser la redistribution, l’accès au logement, les opportunités pour ceux qui ne toucheront rien ?
Face à ce basculement, les clichés persistent : certains voient dans les millennials des dépensiers, prompts à dissiper leurs revenus. Pourtant, les faits racontent autre chose. Cette génération s’avère lucide sur les risques et attentive à ses choix. La transition énergétique, la montée des incertitudes économiques, poussent à inventer d’autres voies, entre prévoyance et audace, partage et transmission repensée.
Le compte à rebours est lancé. La génération millennial, placée sous le feu des projecteurs financiers, s’apprête à écrire un nouveau chapitre de la mobilité sociale, entre héritage, inventions, et réalités implacables.


