Théorie du driver de Kahler : explication et caractéristiques à connaître !

Un manager qui ne doute jamais ralentit parfois plus que celui qui hésite. Les comportements que l’on admire au bureau, ces petites manies souvent perçues comme des preuves de professionnalisme, cachent parfois des automatismes bien plus coriaces. Des consignes intérieures, héritées d’une histoire ancienne, orchestrent sans bruit nos façons de travailler, de coopérer et même de céder sous la pression.

Dans les années 1970, des chercheurs ont décelé cinq dynamiques qui reviennent sans cesse, véritables moteurs de ces schémas à la fois rassurants et piégeux. Savoir les décoder permet non seulement d’éviter certains pièges, mais aussi d’ajuster sa façon de fonctionner au quotidien, pour soi comme pour son équipe.

Comprendre la théorie des drivers de Kahler : origines et enjeux dans le monde professionnel

Le psychologue Taibi Kahler a ouvert une brèche dans la compréhension de nos échanges professionnels. Inspiré par l’analyse transactionnelle d’Eric Berne, il a mis en lumière les règles silencieuses qui façonnent les relations au travail. Son constat : très tôt, les messages parentaux s’installent et sculptent des automatismes durables, baptisés drivers. Ces injonctions,« sois parfait », « dépêche-toi »,ont la vie dure. Elles pilotent à distance nos réactions d’adultes, souvent sans qu’on en ait conscience.

Les cinq drivers repérés par Kahler,sois parfait, sois fort, fais plaisir, dépêche-toi, fais des efforts,s’immiscent dans les bureaux et les open spaces, modulant la gestion du stress, la façon de décider, la manière d’entrer en relation. Leur particularité ? Ils teintent chaque interaction, chaque négociation, chaque moment de tension, et ce, sans demander la permission.

Le Process Communication Model (PCM), mis au point par Kahler, intègre ces cinq drivers dans une approche globale. Cette méthode aide à lire entre les lignes, à anticiper les tensions et à désamorcer certains conflits. Outil prisé par les managers et les équipes, il ne se contente pas d’étiqueter les personnalités : il éclaire les mécanismes à l’œuvre derrière certaines difficultés.

Concept Origine Application
Drivers Messages parentaux répétés durant l’enfance Influencent inconsciemment comportements et échanges relationnels
Process Communication Model Intègre l’analyse transactionnelle Outil pour la gestion d’équipe et la résolution de conflits

La théorie du driver de Kahler fonctionne comme une clé de lecture pour comprendre les jeux d’influence, les postures et les échanges en entreprise, sans jamais enfermer personne dans une case.

À quoi servent les drivers ? Décryptage de leur impact sur la motivation et les comportements

Les drivers sont ces moteurs discrets qui s’activent sans prévenir. Nés de messages répétés dans l’enfance, ils influencent la façon d’aborder le travail, de réagir à la pression ou de s’intégrer à un collectif. Dans la réalité de l’entreprise, chaque driver colore la dynamique de groupe, la gestion du temps, la manière de s’exprimer ou de faire face à l’urgence. Leur présence se lit dans le perfectionnisme, le besoin de contrôle, la course perpétuelle contre la montre ou l’acharnement à la tâche.

Lorsque la tension monte, le driver dominant s’impose et oriente la posture, souvent de façon imperceptible. Certains se mettent à courir après la rapidité, d’autres ne savent plus dire non, d’autres encore s’efforcent de cacher toute émotion. L’objectif, bien souvent, reste d’obtenir une forme de reconnaissance : être validé, intégré, estimé. Ces automatismes ne sont pas une fatalité ; le travail en coaching aide à les repérer, à retracer leur origine et à aller vers plus de liberté d’action.

Prendre conscience de ses drivers change la donne. Cela ouvre la porte à plus de confiance, à la possibilité de déléguer, à accepter de ne pas tout maîtriser ou de ralentir le rythme. Cette démarche dépasse la simple case du développement personnel : elle irrigue la vie professionnelle, la gestion de carrière, la capacité à accompagner le changement. Les coachs s’appuient sur cette cartographie pour soutenir l’évolution individuelle et collective, du poste de travail à la cohésion d’équipe.

Les cinq drivers principaux : messages, caractéristiques et exemples concrets

Taibi Kahler distingue cinq drivers principaux, tous issus de messages parentaux enracinés très tôt. Leur empreinte façonne nos choix, nos réactions, parfois bien au-delà du bureau. Voici les caractéristiques de chacun :

  • Sois Parfait : ici, la précision et la recherche d’excellence prennent le dessus. Ce driver favorise la rigueur, l’attention aux détails, mais entraîne fréquemment anxiété, procrastination ou difficulté à déléguer. Origine : des attentes élevées, parfois formulées dans l’enfance. Ressource à activer : accepter que l’erreur soit possible.
  • Sois Fort : l’autonomie et la capacité à tenir bon sont valorisées. L’individu gère tout seul, masque ses émotions, refuse de montrer ses failles. Cette attitude protège, mais peut mettre à distance et rendre l’aide difficile à accepter. Message sous-jacent : « il faut être solide ». Permission à retrouver : demander du soutien n’est pas un signe de faiblesse.
  • Fais Plaisir : la priorité, c’est la relation harmonieuse. On cherche à satisfaire, à éviter les conflits, parfois au détriment de ses propres besoins. Dire non est compliqué, la peur de décevoir s’installe. Origine : valorisation de l’altruisme et de la gentillesse. Permission à cultiver : penser à soi est légitime.
  • Dépêche-toi : l’action doit aller vite. Réactivité, efficacité, mais aussi précipitation et erreurs s’invitent. Ce driver s’installe quand la rapidité est plébiscitée. Permission à s’accorder : prendre son temps n’est pas un défaut.
  • Fais des Efforts : la persévérance est la règle. On se donne sans compter, on relève chaque défi, mais l’épuisement guette. Pour certains, réussir sans se fatiguer paraît suspect. Origine : valorisation de l’effort. Permission à retrouver : réussir peut se faire sans douleur.

Le Process Communication Model s’appuie sur l’analyse de ces drivers pour déchiffrer les interactions et accompagner l’évolution des personnes. Chaque driver apporte son lot de qualités,exigence, autonomie, empathie, efficacité, ténacité,mais expose aussi à des écueils précis, du perfectionnisme à la difficulté à poser ses limites.

Groupe de professionnels en discussion dans une salle de réunion

Comment identifier ses propres drivers et utiliser cette connaissance pour évoluer

Repérer ses drivers commence par une observation lucide de soi. Il s’agit de repérer les réactions en cas de pression, les automatismes qui se déclenchent, les petites phrases intérieures qui reviennent en boucle. Sous chaque réflexe, un message contraignant hérité de l’enfance affleure : « sois parfait », « fais plaisir », « dépêche-toi »… Le sentiment d’obligation, la crispation face à l’échec ou la crainte de décevoir trahissent la présence d’un driver dominant.

L’accompagnement par un coach formé à la Process Communication facilite ce travail d’introspection. Identifier ses drivers principaux, c’est mettre au jour les mécanismes qui mènent à l’auto-sabotage ou à l’épuisement. Ce repérage s’appuie sur des questions ciblées concernant les situations de stress, les émotions ressenties, les choix opérés tout au long du parcours professionnel et personnel. La prise de conscience ne suffit pas : il s’agit aussi d’intégrer des permissions alternatives, pour se libérer des scénarios répétitifs.

Le changement s’installe petit à petit, dans la vie de tous les jours. Remplacer l’exigence par une permission, accepter de se tromper, demander de l’aide, poser un refus sans culpabilité : ces gestes modifient la relation à soi et aux autres. L’accompagnement, qu’il soit individuel ou collectif, favorise l’ancrage de nouvelles façons d’être. Cette démarche influence directement la trajectoire professionnelle, la gestion des situations difficiles et la capacité à faire des choix alignés avec ses propres valeurs.

Reconnaître ses drivers, c’est ouvrir la porte à d’autres possibles. Ceux qui, hier encore, semblaient dictés d’avance deviennent des leviers pour réinventer son rapport au travail et à soi-même. La prochaine fois que vous sentez le besoin irrépressible de tout contrôler, de foncer ou de plaire, arrêtez-vous un instant : qui parle, en vous ?

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