Au Québec, un étranger peut acquérir un bien immobilier sans obligation de résidence permanente, alors qu’en Colombie-Britannique, de lourdes taxes frappent les non-résidents. Les banques canadiennes exigent souvent un apport minimal supérieur à celui requis pour les citoyens, tandis que certaines provinces imposent des restrictions inattendues sur la location à court terme.
Des écarts notables existent dans les délais de traitement des hypothèques, la reconnaissance des revenus étrangers ou l’accès aux aides publiques. Les règles d’assurance prêt varient selon les provinces, tout comme les frais de notaire et d’inspection. Naviguer ces différences demande une préparation rigoureuse et une connaissance fine du système local.
Le marché immobilier canadien vu par un Français : réalités et tendances à connaître
À première vue, acheter une maison au Canada attire par la promesse d’espace et de prix plus doux dans certaines provinces. Mais le regard du Français se heurte vite à la réalité : chaque région impose ses propres codes, son rythme, ses tarifs et ses conditions d’accès au crédit. L’uniformité n’existe pas, le territoire se fragmente en marchés multiples.
À Montréal, le prix immobilier et la qualité de vie séduisent une génération d’acheteurs venus d’Europe. Pourtant, la concurrence s’intensifie depuis 2021. Le prix d’achat d’une maison approche aujourd’hui les 500 000 dollars canadiens, d’après l’APCIQ. À Toronto ou Vancouver, le million n’impressionne plus personne. Les provinces Ontario et Colombie-Britannique s’imposent comme épicentres de la spéculation, tirant les valeurs vers le haut. Ailleurs, dans des régions comme le Nouveau-Brunswick ou la Saskatchewan, les prix restent plus sages, même si la hausse touche l’ensemble du pays.
Pour donner une idée concrète des disparités, voici quelques chiffres marquants :
- À Toronto, le prix au mètre carré tutoie les 12 000 dollars.
- À Montréal, il évolue entre 5 000 et 8 000 dollars.
- Dans l’Ouest, Vancouver bat tous les records, avec parfois plus de 14 000 dollars.
Le marché, longtemps réputé stable, subit à présent la pression de la spéculation et des hausses rapides. Les règles fiscales, les restrictions sur les acheteurs étrangers à Toronto ou en Colombie-Britannique, les taux d’intérêt volatils : tout cela rend les prévisions délicates. Mais la demande ne faiblit pas, portée par l’immigration et la dynamique démographique. Avant toute démarche, il faut intégrer ces réalités : le Canada, ce n’est pas un marché unique, c’est un puzzle de territoires, chacun avec ses règles et ses cycles propres.
Quelles démarches pour acheter une maison au Canada quand on vient de France ?
Acquérir une maison au Canada en tant que Français implique de suivre des étapes précises et de répondre à des exigences administratives qui varient selon son statut. Première étape : clarifier son statut de résident. Non résidents, résidents temporaires ou permanents : chaque catégorie influe sur l’accès au crédit et la possibilité de mener à bien un achat maison au Québec ou dans une autre province.
Dès le départ, il faut demander une préapprobation hypothécaire auprès d’une banque canadienne. Ce document, remis après analyse des revenus et de la situation financière, fixe le budget et rassure vendeurs comme intermédiaires. Impossible d’avancer sans ce sésame, souvent exigé avant même de formuler une offre.
Vient ensuite la phase de recherche immobilière. Ici, l’accompagnement par un courtier immobilier prend tout son sens. Ce professionnel, détenteur d’un permis local, aide à comprendre les spécificités du marché, anticipe les pièges et optimise la négociation.
L’offre d’achat s’établit par écrit, assortie de conditions comme l’obtention du financement ou l’inspection du bien. Si le vendeur accepte, le notaire (au Québec) ou l’avocat (ailleurs) prend la main. Ce spécialiste sécurise la transaction, vérifie la propriété, rédige l’acte de vente et gère les fonds. Au Québec, seul le notaire a compétence pour clôturer l’achat d’une première maison.
Voici les principales étapes du processus :
- Préapprobation hypothécaire
- Recherche et sélection du bien
- Offre d’achat écrite
- Intervention du notaire ou de l’avocat
Pour les non-résidents, il faut aussi prévoir un délai pour ouvrir un compte bancaire sur place et vérifier sa situation fiscale. Certaines provinces, comme la Colombie-Britannique ou l’Ontario, appliquent des restrictions pour limiter les achats par des étrangers, dans une logique de régulation du marché.
Financer son achat : options, conditions et conseils pour les expatriés
Obtenir un prêt hypothécaire au Canada n’est pas une formalité pour les expatriés. Les banques exigent une mise de fonds d’au moins 20 % du prix d’achat pour les non-résidents, parfois plus selon la province ou la situation de l’acheteur. Les Français titulaires de la résidence permanente peuvent accéder à des conditions proches de celles offertes aux Canadiens.
Le taux hypothécaire dépend du dossier, du montant souhaité, de la durée et de la stabilité des revenus. Les institutions bancaires réclament des preuves solides : avis d’imposition, fiches de paie étrangères, relevés bancaires, parfois une lettre de référence de l’établissement d’origine. Les revenus locatifs escomptés sur un bien ne suffisent jamais à rassurer les prêteurs. Sans historique de crédit canadien, les marges de manœuvre sont réduites pour un nouvel arrivant.
Le Régime d’accession à la propriété (RAP) autorise les résidents à puiser jusqu’à 35 000 dollars canadiens dans leur REER (épargne retraite). Les expatriés fraîchement installés doivent d’abord ouvrir leur REER avant d’accéder à ce dispositif. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) peut garantir certains prêts, sous conditions, mais elle intervient rarement pour les non-résidents.
| Mise de fonds | Taux hypothécaire | Avantages/Contraintes |
|---|---|---|
| Min. 20 % pour non-résidents | Variable selon profil | Accès limité sans historique canadien |
Pour optimiser votre financement, il est judicieux de comparer les offres de plusieurs établissements : banques nationales, caisses populaires, courtiers spécialisés. Les conditions varient réellement d’un acteur à l’autre.
Frais cachés, pièges administratifs et astuces pour réussir son projet immobilier
Frais inattendus et fiscalité locale
Dès la signature, la taxe de bienvenue s’invite dans le budget : ce droit de mutation, dont le montant dépend de la province, peut atteindre plusieurs milliers de dollars à Montréal, Toronto ou Vancouver. Les frais de notaire, bien que plus légers qu’en France, restent obligatoires et couvrent la vérification du titre comme la rédaction des actes. À ces dépenses s’ajoutent les frais de clôture : inspection, évaluation, assurance titre, qui se cumulent sans bruit. Pour un achat à Montréal, prévoyez entre 2 et 4 % du prix d’acquisition en frais annexes, sans compter l’apport initial.
Pour vous aider à anticiper les principaux postes de dépense, voici les frais à surveiller :
- Frais de copropriété (pour les appartements) : charges mensuelles parfois conséquentes, couvrant l’entretien, les assurances et le fonds de réserve.
- Impôt foncier annuel : fixé par chaque municipalité, souvent supérieur à ce qui se pratique en France.
Contrôles administratifs et statut de l’acheteur
Chaque statut migratoire (résident temporaire, permanent, acheteur étranger) influence l’accès à la propriété. Certaines provinces appliquent aux acheteurs étrangers une taxe supplémentaire, parfois jusqu’à 20 % du prix à Toronto ou Vancouver. Les obligations fiscales dépendent du lieu de résidence déclaré et du projet de revenus locatifs.
Conseils pratiques
Faites-vous accompagner dès l’offre d’achat par un notaire ou un avocat spécialisé. Vérifiez la validité des diagnostics, l’absence d’hypothèques ou de servitudes sur la propriété. L’expertise d’un courtier immobilier aguerri simplifie la navigation entre réglementations locales et pratiques du marché canadien.
De la sélection du quartier à la signature chez le notaire, chaque étape compte. Acheter une maison au Canada quand on vient de France, c’est accepter d’apprendre un nouveau langage, celui d’un marché riche, mouvant et ouvert à qui s’y prépare sérieusement.


